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le Toro d'Arles

                                                      paysage avec moutons - 2012

Dans Arles où sont les Alyscamps, nombreux sont les artistes.
L'un d'entre eux, Éric Rolland, ouvrait son atelier et son jardin aux amateurs curieux, durant un long week-end.
Éric Rolland, exerce son talent sous diverses facettes : peintre, designer, éclairagiste, auteur de livres de jeunesse sous le pseudonyme de Bellagamba.
Le designer s'intéresse au façonnage du béton, l'éclairagiste œuvre aussi bien pour le théâtre, que pour les architectures publiques
dont il effleure les traits et honore les secrets ombrés. Il a en grande partie ainsi mis en lumière sa ville d'Arles, dont il apprécie tant la beauté.

Ce jour-là c’est au peintre que je me suis plus particulièrement attaché. Une série de travaux consacrés à la peinture et à la lumière, acrylique et cristaux de silice,
sur des toiles matiéristes, ou bien pastels sur papier, retenaient particulièrement l'attention.

Certains de ces pastels sont tout à fait remarquables, l’un d’entre euxnotamment. La verticalité lui confère une force singulière. Un univers biblique semble proposé, quelque chose de l'ordre du sacré.
Puissance des éléments, lumière centrale irisant la nuée, forçant l’écrin des ténèbres, teintes sombres, rouge de fond, bleu vert, marron, noircomposite, tout y est.

Nous sommes dans l’épaisseur de l’histoire de la peinture.
L’immensité habitée par la solitude nous est offerte. Points centraux, au bas de la composition, cinq taches blanches, sans doute des moutons paissant la prairie, impassibles, taches éclatantes,
regroupées mais distinctes, nous disent le pouvoir de l’humble indifférence à l’anecdote, comme aux forces qui nous dépassent etrendent vaine toute tentative d'explication.

.Éric Rolland revisite ses maîtres, il retourne aux sources, il fréquente ses amonts, qu’il hante à sa façon, probablement peu consciente de tout ce qu’elle engage. La peinture le saisit, s’empare de lui.
La puissance somptueuse de Rembrandt, son aisance à jouer des contrastes lumineux, son goût pour la beauté des matières les plus riches, se trouvent instantanément évoqués.
Et puis, en bas ces cinq petites taches tellement présentes, qui font penser au petit chien à demi-caché de Goya, comme à la si touchante humilité des fresques du Beato Angelico.
 
Bravo Eric, tu as fait très fort, tu honores la peinture à laquelle tu voues un réel respect.
Un simple pastel peut cristalliser tout un univers.

Le dernier mot appartient à l'Art. Nous sommes heureusement quelques uns à en être persuadés.

Jean Klépal                                                                  
juin 2012